DÉLOS

DÉLOS

DÉLOS

Petite île aride de l’archipel des Cyclades, Délos porte encore les traces d’un habitat du \DÉLOS III^e millénaire, mais rien n’indique qu’il s’agisse d’une implantation carienne comme le pensait Thucydide (I, VIII). On connaît fort peu la période qui suit, le sol n’ayant livré que quelques rares objets d’attribution minoenne douteuse. À l’époque mycénienne, l’habitat, qui atteint son plus grand développement à l’Helladique récent III (\DÉLOS 1400-\DÉLOS 1200), semble s’organiser autour d’un édifice dans lequel on a cru reconnaître un «palais». Plusieurs vestiges — Artémision Ac, Édifice gamma, Mégaron H, Sêma et Théké — attestent le développement, sinon le renouveau du site à cette période, pendant laquelle une divinité féminine, la future Artémis, domine les cultes.

Malgré l’hiatus habituel relevé dans toute l’histoire du monde grec entre la fin de la période mycénienne et l’époque protogéométrique (\DÉLOS X^e s.), les trouvailles céramiques semblent démontrer qu’il n’y eut vraisemblablement pas d’interruption dans l’habitat. À la fin de l’époque géométrique (fin \DÉLOS VIII^e s.), les premiers textes, L’Odyssée (VI, 162-165) et les Hymnes homériques (env. \DÉLOS 700), décrivent Délos comme le grand lieu de culte des Ioniens qui viennent y honorer alors une divinité masculine, Apollon. Le sud du sanctuaire révèle de nombreux vestiges d’habitat pour cette époque.

Dès la seconde moitié du \DÉLOS VII^e siècle et durant la première moitié du siècle suivant, Naxos, voisine de Délos, joue un rôle important. Bon nombre de sculptures de cette époque, dont le Colosse des Naxiens — gigantesque kouros — et des édifices tels que l’oikos (édifice de petite dimension) et la stoa (galerie) des Naxiens, démontrent à quel point l’île fut alors liée à Naxos, qui entrera en concurrence avec Paros dans la seconde moitié du \DÉLOS VI^e siècle.

C’est vers \DÉLOS 540-\DÉLOS 528 que Pisistrate fit «purifier» Délos (une première fois) en exigeant qu’on enlève les tombes sur la partie de l’île visible depuis le sanctuaire. Vers la même date fut mis en chantier le premier des trois temples d’Apollon, dont les fondations sont encore visibles; dénommé Porinos Naos dans les textes, cet édifice en calcaire était d’ordre ionique et d’une technique attique.

À la fin du \DÉLOS VI^e siècle, Délos passe sous la domination de Polycrate de Samos. Mais après \DÉLOS 490 (victoire d’Athènes sur les Perses), elle devient le siège de l’Amphictyonie (regroupement de peuples voisins autour du sanctuaire) et abrite dans le temple d’Apollon le trésor de la Ligue maritime. Ce regain d’intérêt d’Athènes pour l’île lui valut une seconde purification en \DÉLOS 426, puis l’expulsion complète de ses habitants en \DÉLOS 422. Cet état de sujétion dura jusqu’en \DÉLOS 404, date à laquelle elle recouvra sa liberté — pour quelques années du moins — jusqu’en \DÉLOS 394. Pendant la période de l’Amphictyonie, la zone du sanctuaire d’Apollon se couvrit de nouvelles constructions: trésors, deuxième temple d’Apollon, édifice à abside, temple des Athéniens (troisième temple d’Apollon), l’autel dit Kératon (autel des Cornes). Cet essor architectural s’intensifia durant l’époque de l’indépendance (\DÉLOS 314-\DÉLOS 166), pendant laquelle Délos développa considérablement son commerce (trafic maritime, grand marché des céréales) et accueillit des étrangers venus de tous les horizons: Italiens, Égyptiens, gens de Tyr et de Sidon, Juifs et Phéniciens. L’île devint alors l’un des principaux centres de la Méditerranée et profita, au gré de ses intérêts et de ses alliances, des bienfaits de tous les successeurs d’Alexandre qui y instaurèrent de grandes fêtes religieuses en leur honneur.

De cette époque datent de nombreux monuments: le Dodékathéon (sanctuaire des Douze Dieux), le monument des Taureaux, l’Asklépiéion, le temple principal du Dioskourion, le Kynthion, le théâtre, le portique sud et le portique d’Antigone, les Sérapéia A et B, la salle hypostyle, le portique de Philippe et celui de l’agora des Déliens, ainsi que le temple D de l’Artémision.

Une nouvelle période commence pour Délos lorqu’en \DÉLOS 166 Rome la livre à Athènes, qui en fait sa colonie. L’île est alors déclarée port franc, et à une nouvelle expulsion des Déliens correspond un afflux considérable d’étrangers. La ville devient cosmopolite. Mais, en \DÉLOS 88, Mithridate Eupator, roi du Pont, saccage Délos, qui aura à peine le temps de se rétablir avant sa mise à sac définitive — en \DÉLOS 69 — par les pirates.

Réduite à néant, l’île fut abandonnée. Elle ne reprit jamais son activité d’antan, mais fut réoccupée par un faible habitat à l’époque impériale. Elle devint au IV^e siècle le siège d’un petit évêché qui groupait quelques-unes des Cyclades.

Les fouilles de l’École française d’Athènes, commencées en 1873 dans le sanctuaire d’Apollon, ont été étendues à l’ensemble de la ville hellénistique entre 1904 et 1914, grâce à la générosité du duc de Loubat. Elles n’ont pas cessé depuis et font l’objet d’une publication systématique dans l’Exploration archéologique de Délos (35 vol. parus).

Délos

la plus petite des Cyclades, consacrée dans l'Antiquité au culte d'Apollon. Elle fut le siège de la Ligue maritime fondée par Athènes et abrita dans le temple d'Apollon le trésor fédéral (478-454 av. J.-C.). Sa ruine date du début de l'Empire romain. Nombr. vestiges: théâtre sur le port Sacré, allée des Lions.

Encyclopédie Universelle. 2012.